Poeme d’une aidante : “Violence ordinaire”

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Violence ordinaire,

Qu’il est compliqué d’être à la merci de ces gens sans merci,
Ils disent avoir de l’expérience dans leur métier,
Mais de quelle expérience parlent-ils ?
Sont-ce nous des « expériences » ?
Des expériences de gens qui sont déjà passé par là,
Mais ou là ?
Comment peuvent-ils savoir que nous accordons le même sens au « là » que nous vivons ?
Je sens le pouvoir du sachant qui veut sachez sans un là !
Nous ne sommes pas les gens !
Les gens sont cons !
Je suis une femme qui est obligée de vivre à la merci d’autres qui pensent savoir pour celui qu’elle Aime,
Alors qu’ensemble ils ont tenté chaque jour de briser le « je pense pour toi » pour aller vers
Un « qu’en penses-tu ? »
Comment en vient-on à penser pouvoir savoir pour l’autre sans le connaitre ?
Pacsé, deux enfants, 43 ans, avc,
Comment cela peut-il leur permettre de comprendre, sentir, vivre ce que l’autre qui n’a plus les mots
Pour se dire veut dire?
Comment en vient-on à penser savoir mieux que l’autre ce qui est bon, fatiguant, difficile, délicat ?
La liberté est perdue dans cet univers où la seule marque d’un semblant d’intimité est le fait de
S’annoncer par un toquement de porte…i
Qui es-tu avec ta blouse blanche pour te penser sachant ?
Pas une fois je les ai entendus lui demander « comment peut-on faire pour vous aider ? »
La parole de celui qui ne peut la prononcer est bâillonné « il est fatigué, il a eu un avc, il est fatigué, il a eu un avc….. » Comme des litanies
Et il va falloir attendre, attendre, attendre, avaler, supporter, serrer les dents avant de reprendre une vie, une vraie, chez nous, sans ces blouses sachantes.
L’expérience de l’attente est celle qui est la plus suppliciante.
La bienveillance n’est pas de mise. Il va falloir baisser les yeux, sourire, acquiescer, ne pas froisser, ne pas dire un mot trop haut !
Vivement la quille !

Coute que coute, le goutte à goutte qui nous rapproche de la liberté s’emplit tout de même…
Violence ordinaire, même pas palpable, même pas visible mais tout aussi destructrice !

Hauts les cœurs ! Ils ont pris notre liberté de penser, ils n’auront pas notre liberté de vivre !

Nathalie

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